30 août 2012

À quoi bon viser loin si on ne sait pas lire ?


Cette semaine, ce fut la rentrée pour des milliers d'élèves du primaire et du secondaire, vous savez ceux qui suivront peut-être leurs aînés sur les bancs d'universités et dont on ne s'inquiète pas trop de la destinée. En passant, avez-vous entendu parler des manifestations étudiantes et de la loi 78 durant cette campagne électorale? Bien sûr que non, car voilà bien un terrain miné sur lequel aucun candidat, aux propos et langage non verbal maîtrisés à la lettre, ne veut s'aventurer au risque de perdre des plumes.

Non, mieux vaut parler d'un Québec fort, d'un Québec souverain, d'un Québec prospère, n'est-ce pas? Mais comment y arriverons-nous si une partie de la population reste sur la touche par manque d'éducation, de culture générale, de maîtrise de la langue ? 

Alors, je m'adresse aux candidats au cas où ils liraient ce billet. Sait-on jamais.

Sur la base de ces quelques statistiques alarmantes, ne trouvez-vous pas que l'heure est grave depuis trop longtemps, et que ce fossé est un terreau très fertile pour une pauvreté endémique Et tous les plans Nord du monde n'y feront rien...

Pensez-vous que l'école parvient réellement à faire ses devoirs à l'heure actuelle? Vous demandez-vous parfois s'il est peut-être temps de repenser le modèle éducatif traditionnel?

Au lieu de pointer du doigt les immigrants (dont les enfants de certains d'entre eux parlent mieux le français que des Québécois de souche) pour la perte de terrain du français, pourquoi ne pas mettre l'emphase sur du concret. Comme par exemple la mise en place de programmes de francisation structurés et le développement d'un appui administratif et financier aux réseaux communautaires et à leurs bénévoles qui font un travail colossal sur le terrain avec peu de moyens (j'ai pu le constater alors que je donnais des cours de français à des demandeurs d'asile).

Plutôt que de me parler de gros sous, d'abolitions de commissions scolaires ou de créations d'onéreux ordres professionnels, parlez-moi de réalisations collectives et génératrices d'idées. Mettez en place des initiatives de partage et d'engagement citoyen pour renforcer les liens entre les générations, par exemple autour de la transmission de connaissances, de la lecture, de l'histoire, du patrimoine. Je suis souvent effarée de réaliser que beaucoup de jeunes (et d'adultes) ne connaissent ni leur histoire, ni celle des autres et encore moins les enjeux du monde.

Remettez l'éducation à la première place de vos priorités. Car au-delà de vos promesses toutes plus vertueuses les unes que les autres, vous avez le mandat de donner aux futures générations l'expertise nécessaire pour construire ce Québec fort et prospère mais qui, selon moi, se construit encore sur des fondations fragiles.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire