« Aux urnes, jeunes citoyens! Le
pays a besoin de vous! ». Cette jeunesse que l'on aime tant diaboliser et
que l'on dépeint souvent comme prétentieuse et gâtée, nous en avons
tout à coup besoin pour sauver la patrie... Il faut vraiment être mal
pris pour lui mettre sur le dos une telle pression, d'autant plus que le
choix n'est facile pour personne dans le cadre de ces élections sans
lumière au bout du tunnel. Vous allez me dire que je suis pessimiste ou
perpétuellement râleuse, et vous aurez peut-être raison. Mais
sentez-vous un vibrant projet de société, vous? Toutes ces promesses
bidon, vous les croyez? Ce marasme actuel a été créé chez nous et entre
nous, alors qu'est-ce qui nous garantit que, lorsque nous serons maîtres
chez nous, le bordel ne sera plus? Cette guerre d'image, de mots et de
langage non verbal trop souvent mis de l'avant, ça ne vous agace pas?
Alors pourquoi en serait-il autrement pour nos jeunes? Pourquoi
seraient-ils emballés alors qu'ils voient leurs «aînés» si cyniques? Eux
qui ont peut-être vu leurs propres parents se détacher peu à peu du
discours politique par dépit ou par lassitude. Comment peuvent-ils rêver
alors que tout est question de sous autour d'eux, jusqu'à l'éducation
qui a dorénavant - non, depuis pas mal de temps - une valeur marchande?
Mais attention, il y a aussi des
jeunes qui sont déjà vieux. Combien sont-ils à nommer l'achat d'une
maison comme premier grand projet de vie? Combien sont-ils à avoir hâte
d'intégrer le monde du travail pour pouvoir être financièrement
indépendants et se procurer enfin leur voiture, leur écran plasma, ou
encore constituer un REER? Combien sont-ils à préférer partir à la
découverte du monde, sac sur le dos, plutôt que de penser à s'établir ?
Françoise Sagan avait dit que la jeunesse était la seule génération
responsable. Hum, peut-on aller si loin? Seront-ils si nombreux aux
urnes le 4 septembre prochain? Nous le verrons bien, mais espérons
surtout un fort pourcentage de vote de la population dans son ensemble,
ce qui serait peut-être le signe de la fin de son désamour envers tout
ce qui est politique. Et puis, quand on y pense bien, il y a des jeunes
vieux et des vieux jeunes, n'est-ce pas?
Et ce sont ces jeunes et ces vieux qui façonnent le visage et la
force du Québec d'aujourd'hui. Les gens, c'est ça la véritable mine d'or
d'un pays. Alors, pour ma part, j'ose espérer que le prochain
gouvernement québécois saura investir dans l'avenir de sa mine d'or avec
la même ambition que celle qui est prêtée actuellement au développement
d'une soi-disant mine d'or dans le Nord. Car, je l'ai déjà écrit, je veux évoluer dans une société de savoirs plutôt que d'avoirs.
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