07 août 2012

Donnez-moi de l'oxygène

Madame Marois,
Messieurs Charest, Khadir et Legault,

Je vous écris cette lettre que vous lirez peut-être si vous en avez le temps.

En premier lieu, soyez assurés que je tenterai de suivre vos campagnes respectives avec toute l’attention qu’elles méritent. Déjà, on dit que vous avez pris votre rythme de croisière, notamment dans ces autobus rutilants qui sillonneront les rues de nos villes et les routes de nos campagnes. Déjà, vos slogans ont été annoncés, et des photographies des membres de vos équipes et de vous-même vous offrent en pâture sur ces affreuses pancartes qui « polluent » notre horizon visuel.

Parlant d’horizon, permettez-moi de vous avouer que j’ose espérer que vos discours et messages surpasseront le poids léger de mots ou d’expressions tels que, par exemple, « Debout », « Pour le Québec », « C’est assez, (il) faut que ça change », mots que vous nous proposez pourtant très sérieusement comme leviers de motivation.

J’ose espérer aussi que vous ferez vite place à de la substance en lieu et place de ce vil combat d’image et de cette course ridicule aux candidats vedettes.

J’ose espérer enfin que vous laisserez tomber au plus vite cette rhétorique populiste qui vous pousse si souvent à dire ce que « le peuple » veut entendre. La vérité n’est pas toujours bonne à dire, certes, mais même si elles doivent bousculer, échauffer les oreilles, ou faire grincer des dents, parlez-moi de ces mesures et solutions qui sauront redonner du sens à la responsabilité individuelle et collective. Cessez de nourrir la sinistrose ambiante à coups de bilans négatifs et de phrases clés sorties tout droit du cerveau de vos relationnistes (cf. « Jacques Duchesneau est le Eliott Ness du Québec » dixit François Legault).  

En passant, cessez aussi de me servir à toutes les sauces le mot « peuple », comme le faisaient ces rois qui s’adressaient à leurs sujets. J’ai toujours l’impression d’entendre « petit peuple », je ne peux vous expliquer pourquoi. Peut-être est-ce l’impression que j’ai parfois – et même de plus en plus souvent - de faire partie d’une nation désincarnée, déconnectée du monde qui l’entoure, et surtout repliée sur elle-même où il règne trop souvent de sempiternelles chicanes de famille. Des chicanes de famille que vous, madame et messieurs les chefs de partis, ne manquez pas de nourrir par des bassesses de tous genres et des guerres intestines sur la seule base de l’ennemi à abattre.

Alors, je vous en supplie, donnez-moi de l’oxygène qui ne se monnaie pas uniquement à coups de promesses de dollars ou d’emplois. Donnez-moi plutôt le goût de rêver à un Québec à la fois moderne, solidaire et prospère qui saura se développer et s’imposer dans une situation géopolitique mondiale en pleine mouvance. Croyez-moi, je serais prête à faire encore plus ma part. Pour moi-même, pour ma fille, pour mes concitoyens, et pour les prochaines générations.

À défaut de quoi, j’ose avancer le fait que vous risquerez de perdre votre petite guerre pour cause de déserteurs aux prochaines élections (pour faire un nouveau clin d’œil à la chanson de Boris Vian). Certes, je n’ai pas encore pris de décision, mais je pourrais en faire malheureusement partie si la tendance se maintient.

Démocratiquement vôtre.

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