20 décembre 2011

Petit pépin chez madame Perrin

Ce matin, à la radio de Radio-Canada, il y a eu un échange sur un ton un peu plus haut que la normale lors de l'émission très monocorde Médium large, animée par la non moins sympathique et professionnelle Catherine Perrin.

Dans une partie de son émission dédiée au bilan de Nicolas Sarkozy et à son éventuelle réélection en 2012, madame Perrin a voulu faire tout un cas sur la nouvelle sortie hier en première page de La Presse : Anne Sinclair (femme de DSK) élue personnalité féminine de l'année en France. Quel scandale - pauvre France - ils sont fous ces Français !

Elle n'a donc pas pris trop de risques en obtenant par téléphone l'opinion de la très présente Louise Beaudoin (veut-elle rejoindre le clan radiophonique des « ex », tant elle participe souvent aux tribunes de Radio-Canada ?). Sans grande surprise, nous sommes tombés dans la sempiternelle différence culturelle entre le Québec et la France : « En tout cas, il est bien certain qu'au Québec, les femmes n'auraient certainement pas choisi cette femme comme personnalité de l'année » ont-elle presque repris en choeur.

Bref, après cette courte introduction, nous voilà de retour à la discussion plus sérieuse autour du bilan de Sarko avec en studio Mark Zaffran, chercheur français invité au Centre de recherche en éthique de l'université de Montréal et, au bout du fil, Christian Rioux, journaliste au Devoir, en poste depuis quelques années à Paris. Et madame Perrin de poser comme première question à monsieur Rioux : « Pis, qu'est-ce qu'on en dit en France de cette nouvelle concernant Anne Sinclair ? » Hélas, mal lui en prit, car ce dernier a fait un petit caca nerveux ou une montée de lait comme vous voulez. Je cite de mémoire : « Mais de quelle nouvelle parle-t-on ? Quel est donc ce sondage ? Connaît-on sa méthodologie ? Et en passant, quel est donc ce magazine Terrafemina qui a mené ce sondage ? Comment voulez-vous que je commente un fait qui n'a pas fait suffisamment l'objet de recherches. Je suis journaliste, pas chroniqueur »...

Il est possible que monsieur Rioux du Devoir ait pris un certain plaisir à taper sur le dos du journal concurrent La Presse, mais il n'a pas tord. Cet échange matinal met le doigt sur le danger de l'info anecdote de plus en plus présente dans nos médias, notamment sur nos ondes. Je prends aussi pour exemple la couverture médiatique du procès Shafia dont les commentaires reposent tant sur les impressions de journalistes quant à des faits anecdotiques. A-t-on besoin de connaître les moindres détails d'un procès qui, sans précédent fort heureusement jusqu'à aujourd'hui, impose pourtant de bien connaître les tenants et aboutissants ? Bien au contraire, en tant que citoyens, nous n'avons pas suffisamment de recul ni d'information en main pour en cerner les enjeux. Et le danger est alors grand de tomber rapidement dans des clichés et préjugés.

En terminant, oui c'est troublant que Anne Sinclair ait été choisie personnalité féminine de l'année par les lectrices d'un magazine pour ma part inconnu. Cependant, lorsqu'on lit mieux l'article de La Presse, il s'agissait de nommer la femme qui a le plus marqué les Français en 2011. Et en ce sens, je pense que oui, elle a été à sa manière marquante dans sa décision ferme de rester aux côtés de son petit monsieur. Car cette femme, tout comme Hillary Clinton qui était restée aux côtés de son mari, se sent certainement suffisamment grande pour continuer à avancer sans que les frasques de DSK ne puissent atteindre son aura. Croyez-vous que si Hillary avait quitté Bill, la queue entre les jambes, euh non, la mine basse, elle occuperait le poste prestigieux qu'elle a aujourd'hui ? Non, ces femmes, qui ont éventuellement un agenda caché, sont peut-être plus intelligentes qu'on ne le pense...

19 décembre 2011

Indigestion collective

Je viens de lire que Louis-François Marcotte, jeune chef-propriétaire de deux ou trois restos à la mode à Montréal, et belle petite gueule pour ceux et celles qui aiment le genre, va piloter pas moins de trois projets (deux émissions et un magazine) chez TVA l'an prochain. Celui-ci est un produit de notre télé spectacle et son entregent ainsi que ses talents culinaires sauront le mener sur les pas d'un Ricardo. Tant mieux pour lui.

Cependant, je dois avouer que c'est une nouvelle qui fait déborder mon bol de soupe. Plus capable de cette cuisine-people (j'ai décidé d'inventer le terme). Christian Bégin, Geneviève Brouillette (actrice que j'adore) et même Mahée Paiement nous abreuvent de leurs bons conseils, sans oublier Mitsou qui a su au moins s'adjoindre les services du Dr Béliveau. Même si j'ai aimé à une époque voir Daniel Pinard et Josée di Stasio dans leur cuisine toute équipée, je ne peux supporter de voir ces vedettes du petit et du grand écran tenter de nous mettre l'eau à la bouche, un verre de vin à la main. Tant qu'à faire, je préfère encore supporter un Martin Picard dépecer le cochon en direct. Bien sûr, il y a de bonnes idées comme l'émission Les Chefs qui a le mérite de mettre de l'avant les talents de la relève sur les conseils avertis de maîtres en la matière.

Plus capable donc de ce vedettariat de bas étage qui nuit certainement à notre bon jugement. Dont le mien. C'est ainsi que l'on a crié victoire quand on appris le sauvetage de la rôtisserie Laurier BBQ par la grande vedette Gordon Ramsey qui a servi à l'institution uniquement sa renommée d'or. Pourtant - peut-être me direz-vous le contraire - à part la petite sauce au romarin, il n'y a pas de quoi en faire un plat de leur fameux poulet/frites !

Je n'ai plus envie de toute cette salade passée à l'essoreuse des courses à l'audimat. Je veux une vraie cuisine, qu'elle soit gastronomique, du terroir ou de quartier, affranchie de tous ces clichés et investie d'un seul et unique credo: le goût du bon. Je veux pouvoir découvrir des restaurants où la notion d'hospitalité est au premier plan. Je veux pouvoir imaginer un chef qui a su garder le mystère et qui s'affaire avec son équipe en cuisine pour mieux me faire saliver.

C'est du moins ce que je dirais à ce chef qui pourrait un jour toucher mon coeur (mon rêve !).

Le Musée dans le magazine Dress to Kill

Dans mon billet du 4 juin dernier, intitulé Les grandes griffes d'un petit musée, je vous parlais des magnifiques tenues que recelait le Musée du costume et du textile du Québec (mctq.org), notre musée de la Mode.

Vous faites peut-être partie des chanceux(ses) qui ont assisté cet été au magnifique défilé Les Intemporelles, présenté au grand public conjointement par Jeanne Beker et Suzanne Chabot, directrice du Musée, sur la passerelle extérieure de l'événement Mode & Design. Si c'est le cas, vous avez certainement été éblouis par ces tenues de Marie-Paule Nolin, Arnold Scaasi, Raoul-Jean Fouré, Clairette Trudel, entre autres. Si non, il y a peu de chances que vous les admiriez dans un avenir proche, tant le Musée n'a pas la place qui lui revient. Établi dans un endroit exigu à Saint-Hubert, la plupart de ses pièces de collections se retrouvent sous des housses dans un entrepôt de la rue Saint-Antoine. En attendant qu'un véritable musée de la mode du Québec voit le jour...

Mais je ne reviendrai pas sur cette aberration qui m'horripile depuis bien longtemps, et encore plus lorsque que j'entends que le Musée d'art contemporain sera éventuellement reconstruit au coût de 80 millions. Attention, je ne suis pas contre le renouveau mais, au Québec, on a tendance à opter trop rapidement pour la destruction plutôt que pour la préservation... Cela vaut pour le patrimoine bâti, mais aussi pour notre identité culturelle comme notre patrimoine de mode qui croupit à l'ombre quelque part en ville...

En attendant que les plus hautes instances se réveillent, il y a fort heureusement des gens passionnés qui n'hésitent pas à mettre leur talent en commun pour attirer l'attention du plus grand nombre. Ainsi, dans l'édition du mois de décembre du magazine Dress to Kill, certaines pièces du Musée occupent quelques-unes de ses pages, mises en scène sous la direction artistique de Sylvain Blais et du styliste Yso. Une initiative en collaboration avec le Centre Eaton de Montréal qui avait reçu l'exposition Le Musée sort ses griffes, plus tôt cette année.

Le résultat est superbe. Pour vous en convaincre, voyez dès maintenant quelques vidéos de la séance photo sur http://www.districtmontreal.com/infolettre/121211_mctq/

14 décembre 2011

Citation...

« Ce qui m'intéresse, ce n'est pas le bonheur de tous les hommes, c'est celui de chacun. »

Boris Bian (1920-1959)

13 décembre 2011

Je suis en mue

Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Christophe Fauré, psychiatre : « Vers 40-50 ans, nous sommes tous en mue », une transition plus communément connue sous l'expression « la crise de la quarantaine ». Ouf, je suis rassurée. Il semble donc que je ne sois pas la seule et, surtout, qu'il n'y a rien d'anormal là-dedans. Et l'autre bonne nouvelle est que ce monsieur ajoute aussi, je cite, « que ce temps charnière de l'existence n'annonce pas un déclin, mais l'occasion de nous épanouir ».

Comme je vous l'ai déjà écrit, j'ai frappé un mur il y a quelque mois. J'ai pété les plombs. Trop fatiguée, trop agitée, trop anxieuse, trop perdue. Depuis, j'ai battu en retraite - non pas à la retraite - pour me poser, pour arrêter le mouvement alors que j'avais tant besoin de celui-ci. Alors ont déboulonné des tas de questions existentielles : comment en suis-je arrivée là ? Où me suis-je trompée ? Suis-je en train de passer à côté de ma vie ? Est-il trop tard ?
La totale...

J'ai pleuré, j'ai ruminé, j'ai sombré, j'ai douté. J'ai trouvé des responsables, souvent les autres. Pas facile de démêler ces noeuds qui avaient affaibli mon cerveau et endolori mon corps tout entier. Certains me diront que c'est une preuve de force et de courage que de savoir s'arrêter pour se remettre en question. Croyez-moi, avant aujourd'hui, je les aurais certainement engueulés de me lancer une idiotie pareille.

Et pourtant, même si je n'y vois aucune force ni courage, je dois avouer que cette période de questionnements a eu son côté positif : celui de faire cesser l'agitation en moi. Malgré l'isolement, malgré l'insécurité financière, malgré l'inquiétude, l'envie revient peu à peu de m'y remettre, quitte à tout recommencer, cependant autrement ou à un autre rythme. Et pas forcément ailleurs, cet ailleurs que je voyais comme l'unique solution à mon désoeuvrement (même si la bougeotte me titille parfois, ma fille née ici m'enracine tel un arbre).

Comme un papillon qui sort de son cocon (quelle idée cette métaphore, alors que j'ai une phobie des papillons), j'espère ainsi bientôt de nouveau voler libre comme l'air, et continuer (ou réécrire) le cours de mon histoire.

En attendant, je vous laisse sur une citation :
« Seul l'arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux. » Sénèque

05 décembre 2011

David, Jamie, Marjorie et les autres

La semaine dernière, nous avons certainement été nombreux à être profondément choqués par le geste désespéré de Marjorie, 15 ans, qui a préféré s'enlever la vie que de continuer à subir l'intimidation dont elle était victime à son école. Quelques semaines auparavant, nous apprenions celui de Jamie, jeune homosexuel également ostracisé par ses « camarades » de classe. Sans oublier cette histoire invraisemblable mais fort heureusement moins dramatique de ce jeune garçon de 12 ans qui s'était enfui de son école et avait trouvé refuge dans un arbre dont il ne voulait plus redescendre. Vous en souvenez-vous ? Très certainement, car ce « fait divers » avait fait les manchettes ce jour-là.

Ainsi s'envole la vie de ces jeunes, désespérés et incompris. Assimilée dans une presse à sensations, dans du spectacle médiatique (qu'avait-on besoin de connaître les passages de la lettre écrite par Marjorie à sa mère !), dans du sentimentalisme à deux sous qui n'a de but que de nous alléger du poids de notre responsabilité en tant que société. On porte ainsi le blâme sur les élèves harceleurs, les directeurs d'école, les enseignants, les réseaux sociaux, les parents, la publicité, la télévision, la température, la vie en général, etc.

Mais après cette hypermédiatisation du drame de Sainte-Anne-des-Monts, nous allons retourner à nos achats de Noël, non ? Pourtant, ne devrions-nous pas décider une fois pour toutes de voir le suicide des jeunes et l'intimidation comme des sujets qui dérangent, certes, mais aussi et surtout comme des enjeux de santé publique. Car, avant de poser des gestes irréparables, ces adolescents ont bien dû ouvrir une petite porte sur leur malaise, ont bien dû traîner leur tristesse autrement que dans leurs pieds, n'ont pas pu vivre l'invivable sans que cela ne paraisse ?  Alors comment pouvons-nous mieux déceler ce désespoir trop précoce ? Comment encadrer ces comportements violents et abus verbaux des agresseurs ? Car dans l'un et l'autre des deux cas, c'est un appel à l'aide à une société qui ne prête peut-être pas suffisamment attention à sa jeunesse.

Que des jeunes filles au primaire, au secondaire ou bien plus tard se traitent de « chiennes » ou de « putes », cela ne devrait pas être accepté. Bien sûr, il y a tous ces médias imprimés ou autres qui aiment stéréotyper la guerre entre les filles - entre la super sexy et l'intello, entre la populaire et la ringarde, entre la super cool et la super nulle... Bien sûr, il y a les jeux malsains vantés dans Occupation double. Mais posons-nous les questions suivantes : quand ces tout jeunes gens regardent cette mise en scène télévisuelle,  ont-ils suffisamment de recul pour ne pas la prendre au sérieux ? Quand ils entendent lors du jeu télévisé La Guerre des clans sur Vtélé l'animateur poser la question suivante aux concurrents « Quel est l'artiste dont vous ne seriez pas surpris d'apprendre l'homosexualité ? » (avec les commentaires débiles entre les réponses), ces jeunes voient-ils une injure à leur intelligence et un manque flagrant d'éthique des concepteurs et du diffuseur ?

Pas sûr...

Alors si, en tant que société, on se mettait à mieux accompagner nos enfants dès leur plus jeune âge car n'oublions pas que leurs sentiments d'adultes dépendent grandement de la qualité de leurs relations de début de vie. Soyons plus vigilants, restons toujours à 'écoute et gardons l'oeil plus grand ouvert (notamment vers ceux qui n'ont pas l'entourage affectif nécessaire) pour donner au plus grand nombre possible les outils pour développer une pensée autonome et pour se respecter et respecter les autres.

Et ce, bien avant l'entrée dans l'adolescence car, à ce moment, il n'est certes pas trop tard, mais la côte est plus dure à remonter.