11 août 2013

Pas actif sur les réseaux sociaux ? Dommage pour vous...

Il y a quelques années encore, le monde des communications et du marketing avait ses niches à experts. Il y avait des spécialistes des relations publiques, des attachés de presse, des conseillers en communication interne ou externe, des concepteurs-rédacteurs, des pros du marketing ou des affaires publiques. Puis, les métiers ont dernièrement évolué à la vitesse grand V avec le développement des nouvelles technologies. Il faut désormais maîtriser les outils du web, tenir éventuellement un blog et l'alimenter régulièrement, être actif sur les réseaux sociaux et avoir une connaissance approfondie des applications d'une communication 2.0 qui a tendance à brouiller les cartes. Tellement que l'on s'y perd un peu.

Voici l'exemple d'une description de tâches que j'ai lue récemment pour un poste de conseiller, communications et marketing (non, non pas de gestionnaire ou de directeur(trice)...). « Élaborer des stratégies de communication, superviser les services de l'agence de relations publiques, coordonner les entrevues avec les journalistes, mettre sur pied une liste de presse, faire une veille médiatique, rédiger des communiqués de presse, élaborer des scénarios pour des formations en ligne, développer des concepts de capsules vidéos pour différents auditoires, élaborer des stratégies de communication interne et les superviser, rechercher les sujets et rédiger le contenu du bulletin hebdomadaire interne, coordonner la production de publicités, faire le suivi des parutions publicitaires, coordonner la traduction des contenus, collaborer à la rédaction d'offres de services, réviser et améliorer si nécessaire des documents de présentation de conférences ou de formations, gérer les demandes de commandites, coordonner la production de matériel si nécessaire (objets promotionnels, affiches), faire le suivi des budgets. ».

Le service du café, avec ça ? J'exagère un peu mais tout semble lancé dans le même panier, vous ne trouvez pas ? Marketing, communications, relations publiques, commandites. Ne manque plus que la gestion des réseaux sociaux qui doit certainement être incluse dans l'élaboration des stratégies de communication. Je pourrais ajouter que la perle rare qui décrochera ce poste fourre-tout devra avoir un sens politique hyper développé, une très grande capacité d'analyse et de synthèse, des capacités exceptionnelles en gestion de projets, et une maîtrise parfaite des deux langues officielles (français et anglais) tant à l'oral qu'à l'écrit. Ah oui, j'allais oublier, elle devra être active sur les réseaux sociaux (pas seulement avoir quelques connaissances), et être disponible à l'occasion pour travailler en soirée ou les fins de semaine. Petite parenthèse au sujet de la maîtrise des deux langues officielles: je me permettrais ici d'affirmer que, malgré les propos frileux de nos politiciens, Montréal est bien une ville bilingue et le monde du travail ne fait pas exception. Ainsi, tous ceux et celles qui envisagent d'immigrer prochainement devraient être informés que le français est certes la langue du Québec, mais l'anglais suit de très très près derrière. Ils devraient être informés car ils pourraient être surpris de constater, lors d'un processus d'embauche, que leur niveau de bilinguisme est parfois davantage « scruté à la loupe » et plébiscité que leurs compétences et expertise. Car c'est de plus en plus le cas dans le domaine des communications. Permettez-moi de vous raconter cette petite anecdote. Dernièrement, j'ai eu une entrevue dans un important organisme culturel fédéral dont les bureaux sont situés dans le Vieux-Montréal (à vous de deviner). Dans une austère salle de réunion dans laquelle je fus accueillie par trois représentantes de la gent féminine, j'ai eu immédiatement l'impression que j'allais passer « au cash ». En plein dans le mille. « Pourquoi pensez-vous être la candidate idéale pour le poste ? », telle fut la toute première question que l'on m'a posée. À l'heure des nouvelles expériences 2.0 notamment dans le monde du travail, pas fort de commencer par une question vieille comme le monde. Comme le furent toutes les autres d'ailleurs. Par la suite, la discussion a bifurqué en  anglais. Bon, je l'avoue, j'ai un accent franchouillard dont je n'arrive pas à me débarrasser et qui peut brouiller les perceptions.  Toutefois, je considère que je parle anglais et que je l'écris même assez bien dans le cadre de mes  fonctions « fonctionnelles » quotidiennes comme l'envoi de emails, l'intervention dans des réunions,  ou lors de conversations téléphoniques. En revanche, jamais je n'avancerai le fait que je maîtrise la langue anglaise pour la rédaction d'outils de communication externe à incidence élevée (communiqués, brochures, contenus web, allocutions, etc.). Désolée, mais dans mon cas, la créativité ne peut passer que par mon coin de cerveau francophone. C'est d'ailleurs ce que je me suis permise de préciser (bien entendu, pas dans ces mots) par honnêteté lors de mon entrevue. Eh bien, on m'a fait comprendre à demi mots que la maîtrise des deux langues était préférable car « vous comprenez, les traducteurs, ça coûte cher ». Next ?

Je ne voudrais surtout pas que vous pensiez que je suis acerbe, frustrée, ou en mal d'attention. Je voulais simplement partager avec vous un constat qui est partagé par quelques amis et collègues du milieu. Crise et manque de budget, faible ou faible niveau d'intérêt ou de connaissances des différents corps de métier dans le domaine des communications expliquent peut-être cette tendance de plus en plus grande à retenir les services d'une personne qui saura tout faire. Parfois au détriment d'un haut standard d'exécution. Prenons par exemple la qualité de l'écriture ou de la rédaction de contenus de sites internet, de publicités, de brochures ou de magazines laisse à désirer et où le choix des mots est bien souvent loin de faire le poids. Avez-vous vu cette annonce dans le métro « La banlieue, c'pas pour moi » ? Ah, quand la paresse intellectuelle se généralise...

Est-ce « tout et n'importe quoi » qui en démoralise plus d'un dans l'univers des communications où, justement, celles-ci se font de plus en plus difficilement ou de façon bancale ? Je ne compte plus les personnes autour de moi qui envisagent de quitter un poste acquis et bien rémunéré pour se lancer à leur compte malgré l'éventuel risque de précarité qui les attend. Une drôle de contradiction alors que l'on a jamais eu autant de bons conseils et de guides vers l'accomplissement personnel : les 10 règles pour libérer votre potentiel, le top 11 des meilleures stratégies en marketing, les 12 conseils pratiques pour réactiver et libérer votre imagination, le top 20 des meilleurs «influenceurs » sur le web, etc. Alors que faire ?


Vous ne serez pas surpris si je vous dis que je n'ai pas de solution miracle. De toute façon, je suis mal placée pour le faire alors que j'ai moi-même choisi de vivre une transition de carrière au-dessus d'un grand vide et au prix de grands sacrifices. Ce n'est pourtant pas parce que je me sens dépassée. Me considérant un dinosaure dans les nouvelles technologies, je suis parvenue à être active sur les réseaux sociaux et je m'efforce de suivre de près le mouvement 2.0 sans être une experte (mais qui peut vraiment se considérer expert d'un concept dont les applications ne cessent d'évoluer...). Forte d'une riche expérience, je considère aussi avoir un bagage à valeur ajoutée pour n'importe quelle entreprise ou marque. Pourtant, je suis en réflexion. Quelle est l'expertise que je souhaite mettre de l'avant ? Est-ce bien dans ce domaine en mutation que je veux poursuivre ma route ? Quel est le type de poste qui m'inspire vraiment ? Et où ? C'est ce qu'on appelle la crise de la quarantaine, j'imagine. Je n'arrête pas de réfléchir.  En attendant, je lancerai la suggestion suivante: celle de revenir à l'essentiel en démontrant de la délicatesse envers ses pairs. Retrouver le sourire, demeurer authentique, respecter les idées des autres, motiver et encourager. Cessons un instant de suivre les concepts, conseils et gourous de l'heure qui inondent nos réseaux de communication. On pourra y revenir et les appliquer pour « réinventer » (mot à la mode) tout un monde de communications uniquement lorsque le terrain sera débroussaillé et propice à de nouvelles façons de faire. Or, si l'on en juge les commentaires cyniques et découragés sur l'expérience en entreprises, on est encore loin du compte.

Qu'en pensez-vous ?

1 commentaire:

  1. J'en perds mon latin... Pour moi, le monde des communications en est un de mystères. Mais il est clair que de plus en plus, on presse le citron des employés pour ne pas avoir à payer les services de professionnels, chacun dans son domaine !!!

    M. Maillette

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