05 août 2013

Faites votre prière pour Montréal

« C'est ben beau faire des voyages, pis dire qu'on s'inspire et qu'on peut faire la même affaire, mais moi, tout l'été, j'ai voyagé à Montréal. Je l'aime pour sa diversité. Il y a des belles choses et je veux qu'on travaille dans le respect de cette belle diversité. » Voilà quelques-uns des propos du candidat-qui-sait-parler-au-bon-peuple, Denis Coderre, rapporté dans un article sur le site de TVA Nouvelles Denis Coderre critique la vision de Luc Ferrandez. Celui-ci réagissait à la recommandation que Luc Ferrandez, maire du Plateau-Mont-Royal, avait faite à son retour de voyage en Europe aux conseillers de la Ville et au gouvernement québécois, qui est de s'inspirer de l'architecture et du design du Vieux Continent, notamment en ce qui concerne les transports en commun.

Mais d'où vient-il, Monsieur Coderre, alors qu'il affirme qu'il a « voyagé » à Montréal ? Est-ce  cette diversité dont il parle qui lui a donné cette impression de voyager ? Il est vrai que notre ville doit être une de ces rares métropoles où tant de ressortissants du monde entier et de cultures se mélangent. Une particularité dont elle peut être fière. Bon, pour revenir à la sortie dans la presse de monsieur Ferrandez, elle n'était certes pas la plus réfléchie car l'herbe est toujours plus verte ailleurs, mais elle a eu le don encore une fois, comme le font ses initiatives dans son arrondissement, de provoquer la réflexion. Il est vrai qu'en Europe, le réseau de transports est formidablement développé, en comparaison avec les nôtres qui sont si bancals et semblent même tomber en ruines dans certains cas. 

Avez-vous lu cette sortie de monsieur Coderre ? Qu'en pensez-vous ? Pour ma part, je suis dépitée, démoralisée, et même scandalisée car si la tendance se maintient au même niveau que cette première remontrance (ou comme le tollé que Marcel Côté, autre candidat à la mairie, a déclenché en flanchant sur le sempiternel sujet du bilinguisme de Montréal), on va encore assister à une guerre de clocher dans ce village que deviendra notre ville si elle reste figée dans ses démons, ses complexes, ses obstacles, ses intrigues. Je me demande même s'il n'est pas trop tard. Petite parenthèse, on s'interroge toujours et encore sur le bilinguisme certain de Montréal mais personne ne remet en question le niveau de langue de monsieur Coderre. Oui oui, je sais, c'est pour mieux communiquer avec le bon petit peuple...


Vous souvenez-vous de cette excellente publicité de L'archevêché de Québec qui invitait les automobilistes à faire leur prière avant d'emprunter le pont Champlain ? Eh bien, je crois que c'est le moment de faire la nôtre pour avoir pour maire un homme ou une femme de conviction et de vision. Pour ma part, puisqu'on utilise souvent ces mots à la mode que sont « vie démocratique » ou « parole citoyenne », et parce que je ne « voyage » pas à Montréal mais que j'y vis, je me permettrais de contribuer bien humblement à la course à la mairie de Montréal en suggérant quelques petits conseils aux candidats.

Avant tout, les généralités :
  • Ne plus répéter ad nauseam les mots «diversité», «créativité», «fierté». À force de se péter les bretelles ou de se reposer sur nos lauriers, on ne se remet plus en question et on avance plus. Prenons l'exemple du Festival Mode & Design. Dernièrement, j'ai entendu à la radio Jean-François Daviau, co-président et fondateur de l'événement, affirmer que Montréal était un chef de file (sic!) dans le monde de la mode en Amérique du Nord alors que tout le monde sait que nos créateurs crèvent la dalle et que nos détaillants vont en baver avec des concurrents américains qui  débarquent.
  • Ne pas affirmer ou rappeler qu'ils aiment Montréal. Nous l'espérons bien ! C'est comme si un coiffeur annonçait qu'il coupe les cheveux. 
  • Plus capable d'entendre les verbes d'action «réinventer», «revisiter», «renouveler» dans des discours surfaits. Peut-être est-ce encore le jargon de certaines agences de communication mais je n'en suis pas si sûre. C'est comme l'expression « l'art de... », servie à toutes les sauces et qui ne veut plus rien dire.

Maintenant, les attentes :
  • Les infrastructures routières et les transports en commun : c'est l'objectif Nr. 1 !!! La première priorité, comme disent justement les politiciens. La ville étouffe et ses habitants qui y habitent aussi. Peut-être pas ceux et celles qui y transitent et qui pensent que Montréal est pollué, sale et dangereux. Comme si ces fléaux ne traversaient pas les ponts. Outre la fluidité de la circulation, c'est aussi un enjeu de sécurité publique. Ne pas attendre un triste événement semblable à celui de Lac-Mégantic. Car si un pont devait s'écrouler, on ne pourra pas dire que l'on ne savait pas... Le prochain maire doit arrêter de vouloir plaire; il doit mettre ses culottes, entouré d'experts, analystes et conseillers de haut calibre. On le sait bien que l'argent ne tombe pas du ciel, et qu'il va bien falloir le prendre quelque part au prix de sacrifices des uns et des autres. Que l'élu(e) revienne à l'essentiel, fasse des calculs et pige dans les caisses ou dans les portefeuilles mais, de grâce, qu'il amorce enfin des projets de construction de nouvelles rames de métro, de tramways ou de trains de banlieue. Notre fleuron national, Bombardier, pourrait certainement nous faire un bon prix, non ?
  • Des logements abordables et de qualité en ville. C'est bien beau toutes ces tours ultra modernes, branchées et hors de prix qui poussent comme des champignons au centre-ville (vous voyez, il y a de l'argent quelque part ou quelqu'un s'en met plein les poches). Ça élève le standing de Montréal en tant que grande métropole. Mais il ne faut pas oublier une tranche de plus en plus grande de la population qui en bave vraiment pour joindre les deux bouts. L'Est contre l'Ouest, ça ne fait pas un tissu social ben ben fort. Aujourd'hui et demain.
  • Les hausses de taxes et tarifs pour les Montréalais. Vous l'avez certainement constaté vous-même, tout est devenu très cher à Montréal (loyers, épicerie, restaurants, visites au musée, etc.). Exemple ? On nous annonce que les taxes scolaires vont encore augmenter parce que le seul endroit où piocher l'argent soi-disant manquant est le portefeuille du contribuable. Comprenez-vous, il faut bien reconstruire ces écoles remplies de moisissures qui rendent nos enfants malades au lieu de leur donner le goût d'apprendre... Je pense que là aussi, il y a des murs, ou des silos comme on veut, à abattre, des processus ou des procédures à dépoussiérer et surtout un gros ménage à faire dans les bureaux et même dans les placards. Ouste, les acquis pas si bien acquis...
Bref, on a besoin d'un maire qui aura une tête sur les épaules et des couilles où vous savez (le masculin est utilisé ici pour alléger le texte). Le premier débat entre les candidats à la mairie aura lieu le 16 août prochain à 20 h, à l'École d'été de l'Institut du nouveau monde (INM), à l'amphithéâtre du Pavillon Sherbrooke de l'UQAM. Entrée : 10 $ (nombre de places limité; premiers arrivés, premiers servis).

Vous y serez ?


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