01 août 2013

Mais on se fout de la robe blanche de Judith Lussier !

J'hallucine ou quoi ? Vous l'avez peut-être entendu, mais savez-vous ce qui a fait les choux gras sur les ondes de deux stations de radio (peut-être d'autres mais je ne les ai pas écoutés), soit l'émission Médium large avec l'excellente Isabelle Craig à la Première chaîne de Radio-Canada, et l'émission de Marie Plourde au 98,5 FM (en compagnie de la journaliste Judith Lussier et de la chroniqueure et auteure Geneviève St-Germain) : la robe blanche que la journaliste Judith Lussier (oui, la même) aimait tant, mais qu'elle ne portera plus à cause des hommes...

Tout a commencé par un article que la journaliste a écrit sur le site Internet du magazine Urbania. Intitulé La robe que je ne porte plus pour une raison X, elle raconte la terrible épreuve qu'elle a vécue tout récemment vêtue de sa robe blanche. Permettez-moi de partager avec vous quelques passages de son article : « Je ne la mets plus parce que j'ai l'impression qu'un mémo est passé à l'effet qu'une robe blanc cassé sur une fille blonde donnait l'autorisation aux gars de siffler la file, toucher la fille, la dévisager, la violer du regard (avec la langue qui sort un peu de la bouche), ou lui faire des compliments déplacés. Je ne me suis pas sentie bien, je n'ai plus jamais remis la robe. »Un autre passage ? « La plupart du temps, parce qu'ils me mettent dans cet état de terreur, ces compliments (quand ce ne sont que des compliments) détruisent ma journée ». Fin de citations.

Lorsque je lis l'article, j'ai l'impression que madame Lussier a rencontré des violeurs en série à chaque coin de rue. Elle s'est fait sifflée et elle n'aime pas ça ? Qu'elle passe son chemin, c'est fini et on en parle plus. On lui fait des remarques désobligeantes ? Eh bien qu'elle relève la tête et dise haut et fort aux malpropres de se taire. Dans notre univers urbain, il y a quand même assez de monde autour de nous pour créer un mini scandale. Elle s'est fait toucher ? Qu'elle appelle la police ! Trop facile de vider son fiel dans un article en reprochant aux hommes de baver la bouche ouverte (dis donc, elle devait être bien jolie pour déclencher autant de réactions en ligne)...

Madame Lussier use de termes comme « violer », « terreur », ou « je me sens exactement comme lorsque j'étais la cible d'intimidation au primaire ». Allez hop, brassons large pendant qu'on y est: Intimidation, égalité hommes-femmes, machisme avec l'éternel cliché des gars de la construction, les Fémen, les différences entre les générations d'hommes, etc. Voyez-vous tout ce qu'une petite robe blanche peut déclencher comme « gros débats » au Québec...

Je dirais à madame Lussier qu'elle a bien de la chance d'être terrorisée pour si peu de choses. Je suis certaine qu'un bon nombre de femmes dans le monde aimeraient être confrontées à ces « violences urbaines » plutôt qu'à celles qu'elles subissent chaque jour et qui en sont vraiment. Or, nous vivons à Montréal, une ville bien paisible et où la relation hommes et femmes est somme toute fort respectable. Je conçois que certaines situations de « drague déplacée » sont insupportables. Or, des robes blanches ou à fleurs, des shorts ras-les-fesses, des décolletés de plus en plus plongeants, on en voit aux détours de chaque rue en ville en été; j'ose espérer que toutes ces femmes et ces jeunes filles ne sont pas terrorisées à chaque regard ou sifflement admiratifs. Sinon, les designers de mode ont du souci à se faire si elles réagissent comme madame Lussier.

Entre parenthèses, je me demande si certaines des chroniqueuses-journalistes-animatrices outrées aujourd'hui ont déjà collaboré avec des magazines féminins, ceux-là même qui promeuvent une image de la femme qui est loin d'être une religieuse... 

Bien entendu, il y a des hommes grossiers, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. Mais franchement, ce n'est pas à Montréal que les hommes sont les plus dragueurs. Dernièrement, j'étais à la piscine avec une amie, nous avons eu le plaisir de voir deux charmants hommes s'installer près de nous. Il y a bien eu certains regards échangés mais sans plus. Je ne suis pas une beauté fatale, loin de là, alors quand un homme me lance un compliment dans la rue, je dis tout simplement « merci » et je poursuis mon chemin. Petite anecdote de la semaine dernière: j'écrivais un texte dans mon carnet sur un banc au Parc Lafontaine, je ne portais pas une robe blanche mais bleue assez courte (c'est l'été, on en profite quand même !). Un jeune homme était assis sur un banc adjacent. Je me suis levée et je suis passée devant lui. Il a enlevé son écouteur de son oreille et m'a lancé « Vous avez de très belles jambes ». Hey, ça prend du courage, non ? Je lui ai gentiment répondu « merci » avec un beau sourire et j'ai poursuivi mon chemin. Si j'avais été intéressée à poursuivre la conversation, la balle était dans mon camp, il m'a laissé toute la latitude pour décider de la suite des choses. Égalité il y avait.

Alors, s'il vous plaît, mesdames qui êtes profondément choquées par le comportement de certains hommes (pas tous), n'en faites pas tout un plat, surtout pas par le biais des médias qui doivent servir à autre chose. Vous ne trouvez pas qu'un petit air de flirt en ville ferait du bien ? Ça pourrait éventuellement rapprocher ces deux solitudes que sont les hommes et les femmes qui ne savent plus trop comment s'aborder. Des compliments anodins feraient certainement du bien au coeur et à l'égo des esseulées qui ont perdu l'habitude d'en recevoir à tel point qu'elles finissent par se considérer super moches. Et puis entre nous, les filles, rien ne nous empêche de lancer des compliments aux mecs. À ce titre, je n'ai pas trop de soucis à me faire pour la gent féminine québécoise qui n'a aucune leçon à recevoir pour confronter les hommes, petite robe blanche ou pas.

11 commentaires:

  1. Parfaitement de votre avis Mme Coupé, j'ose croire que votre propos aura échos dans les médias.
    Marjolaine

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  2. J'adore!! On en a vraiment rien à foutre de la petite robe blanche! Sinon qu'elle nous fait voir aujourd'hui le visage de la journaliste qui devrait changer de sujet de chronique à mon avis!

    Mais bon, cela lui a servi de publicité sans doute!

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  3. Pour écoutez les émissions de radio mentionnées dans l'article :

    http://www.985fm.ca/audioplayer.php?mp3=185383 Marie Plourde
    http://www.radio-canada.ca/emissions/lib_radio/v3.2/incpages/pop_indexeur.asp?idMedia=6778955&appCode=medianet&time=2107&json={"idEmission":"3471435","Date":"2013/08/01","numeroEmission":"3507","urllabase":"/emissions/medium_large/2012-2013"} Isabelle Craig

    Michel Maillette

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  4. Je trouve l'article pertinent, mais cette petite robe blanche est quand même intéressant, cela reflète peut-être un problème. Je suis ami avec des lesbiennes et un militant pour le mouvement GLBT, mais certaines lesbiennes évitent les gars, pourquoi? On va pas les courtiser, elle sont pas intéresser par les hommes. Il y a peut-être une haine ou un dégoût envers les hommes qui se reflète dans leur orientation sexuelle. Elles peuvent faire l'amour avec qui elles veulent, grand bien leur face, mais si c'est par dégoût des hommes... Moi les propos dans le genre de madame Luisser me font sonner des cloches, merci quand même de remetre aux gens les idées en place.

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  5. "Eh bien qu'elle relève la tête et dise haut et fort aux malpropres de se taire. "

    Vous dites ça comme si c'était facile d'affronter seule un étranger de bien plus grande force musculaire qui n'est pas perché sur des talons hauts!

    Vous ne devez pas avoir beaucoup de vécu avec les victimes d'agressions sexuelles pour écrire des idioties telles que: "Elle s'est fait toucher ? Qu'elle appelle la police !" Allez donc rencontrer des victimes, leur demander ce qu'elles ont vécu... Allez donc leur répondre ça, pour voir!

    Ce texte exprimait les craintes de l'auteure ainsi qu'un problème de société non négligeable. Dommage que ça ne sonne pas de cloche chez vous, et qu'au contraire vous décidiez de lancer un truc banal comme "y'en a qui aimerait ben ça se faire siffler". Geez.

    Si Montréal est loin d'être la pire des villes pour se promener seule, elle est encore bien loin d'être aussi égalitaire et respectueuse que vous semblez croire.

    PS: Il existe d'autres quartiers que le centre-ville et le plateau...

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  6. DJinny, merci pour votre commentaire. Je préciserais que mes commentaires étaient en lien uniquement avec l'anecdote de vie de Judith Lussier. Je ne pense pas qu'elle se promenait en petite robe blanche seule dans une ruelle obscure... Sinon, elle est alors un peu imprudente.

    Et puisque vous mentionnez les victimes d'agressions sexuelles (dont il n'était nullement question ici), j pense que madame Lussier aurait dû éviter un dérapage de langage en évitant d'utiliser l'expression « viol du regard»... Sa mésaventure n'a en effet aucune mesure avec celles qui en subi un pour de vrai.

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  7. Premièrement il n'y a pas que les ruelles obscures qui sont dangereuses! Le stationnement de l'épicerie est en tête des endroits susceptibles de se faire agresser, ainsi que les stationnements intérieurs et les toilettes publiques!

    Et deuxièmement, comment vous pouvez dire que Montréal est une ville très sécuritaire-égalitaire si il faut un dress-code et un couvre-feu pour se promener dans une ruelle?

    Vous dites qu'il n'est pas question de victimes d'agressions sexuelles? Ne connaissez-vous pas les statistiques, qui sont, on le sait, très en deçà de la réalité? On dit 1 femme sur 3. On dit que 90% des abus ne sont pas rapportés. Je vous laisse faire le calcul... Vous croyez toujours que la majorité des femmes qui sont effrayées dans la rue n'ont jamais vécu d'abus de quelque sorte?

    Je ne connais pas votre histoire, votre vécu. Mais personnellement j'ai vécu et j'ai connu beaucoup de femmes, adolescentes et, malheureusement, même des enfants qui ont subi toutes sortes d'abus, et le fait de se sentir "violée du regard" n'enlève rien aux victimes d'actes plus sévères. En fait, il s'agit d'une première étape de la violence. Toutes les victimes d'actes plus concrets ont passé par cette démonstration de prise de contrôle de la situation, cette intimidation, avant le geste. Et je crois sincèrement qu'en tapant sur la tête de celles qui vivent ces sentiments (et qui, de surcroit s'expriment très clairement sur le fait qu'il s'agit d'émotions, d'impressions et de peurs) vous allez à l'encontre du rétablissement et du réconfort dont elles ont besoins. Sans compter que vous encouragez les femmes à réprimer leur instinct de survie, le feu intérieur que tous les organismes d'aide aux victimes et à la prévention des actes criminels conseillent de suivre... Vous leur dites qu'elles exagèrent, qu'elles devraient rationnaliser ces signaux? Diriez-vous à votre propre fille de se calmer le pompom? D'arrêter de s'imaginer qu'elle est si belle que ça et que ce sont seulement des compliments? Que d'autres seraient ben content d'en être la cible ou qu'elle n'a qu'à remettre ce malpropre baraqué de la construction à sa place sans hésitation et la tête haute?

    Si vous pouvez honnêtement répéter vos commentaires à votre propre fille, votre meilleure amie, ou même votre mère, lorsqu'elle vous fait part de ce qu'elle vit, tant mieux pour vous. Mais je doute sincèrement que cela n'améliore son sort.

    Vous semblez vivre dans une belle bulle de verre... Je viens d'une famille modeste et j'étudie en éducation spécialisée. Tout n'est pas noir ou blanc comme vous semblez le prétendre. Les "méchants" ne sont pas seulement des "malpropres". Ils vivent parmi nous. Ils ont des enfants avec leurs nouvelles blondes, quand ils ne partagent pas carrément la garde de vos propres enfants... et vous êtes parfois obligée de leur refaire face quotidiennement au travail, dans le voisinage, dans votre propre famille... Ce serait bien facile s'il n'y avait que les bonnes et les mauvaises personnes...

    Ils ne sont pas tout le monde, évidemment, et il est bien triste que certaines femmes semblent les voir dans leurs soupes. Mais tant qu'on refusera de les entendre, de les comprendre, et d'admettre qu'il existe toujours un problème, il est évident que cela ne fera qu'accentuer leurs peurs et leur désir d'informer les autres femmes.

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    1. La haine est un sentiment destructeur, bien malheureux sont ceux et celles qui se lèvent la nuit pour détester. Je vous suggère l’amour et la lumière; votre discernement s’en portera mieux.

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    2. Hélas, DJinny, vous préjugez beaucoup trop de choses sur ma vie privée pour poursuivre une "discussion" avec un échange de bons arguments. Utiliser cette tactique ne fait en aucun cas avancer le débat. En terminant, je dirais que j'admire énormément les intervenants dans votre domaine de formation. Toutefois, ce révoltant pourcentage d'abus et d'enfants maltraités au Québec doit nous faire réagir toutes et tous. Pas en sous-entendant que les hommes sont tous des bourreaux ou des violeurs en devenir. Selon moi, c'est là un enjeu de SOCIÉTÉ dans son ensemble. Ah oui, si vous ne lisiez pas entre les lignes le contenu de mes commentaires, vous pourrez constater que je minimise absolument pas la portée et l'horreur des agressions sexuelles sur les femmes et les enfants. La seule chose est que je ne pars pas d'une anecdote vécue (on parle bien d'anecdote et non pas d'agression, on est bien d'accord ?) par une seule personne qui semble a priori déjà mal à l'aise avec le regard des hommes pour faire une généralisation vers un enjeu de société.

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