01 mai 2013

À mes amis Français de France

Si on vous demandait de traverser une autoroute pas mal fréquentée les yeux bandés, le feriez-vous ? Bien sûr que non, à moins d'être suicidaire.

Alors pourquoi croyez-vous en grand nombre un parti qui vous dit qu'il est propre. Ça ne vous fait pas mourir de rire quand sa présidente affirme sans l'ombre d'un doute « je suis la lumière de l'espoir face aux Français plongés dans des temps obscurs » ? Ce sont des citations tirées de l'article Le FN se pose en vedette le 1er mai paru dans le journal Le Monde. Eh bien, il semble bien que bon nombre d'entre vous tombent dans le panneau car on peut lire que les sondages créditent le Front national de Marine Le Pen de 23 % des intentions de vote. Si une élection avait lieu aujourd'hui, celle-ci serait qualifiée au second tour devant le président de la République.

Amis Français, ne vous laissez pas embobiner par des belles paroles qui vous parlent de miracles, car ils n'existent pas. Même si la situation qui prévaut actuellement en Europe - et en France - est sans aucun doute très difficile à vivre au quotidien, personne n'est encore entassé avec des milliers de collègues dans un immeuble insalubre pour un salaire de misère. Même si on peut lui trouver toutes sortes d'origines nébuleuses ou de responsables cupides, il faut bien reconnaître que nous sommes un peu tous responsables de cette crise alimentée par une consommation débridée, des niveaux de vie parfois au-dessus des moyens, des records d'endettement personnel, et une attitude d'enfants gâtés par des programmes sociaux devenus trop généreux en période de disette. Savez-vous que, de ce côté-ci de l'Atlantique, on vous envie, «bande de paresseux» avec vos sept semaines de vacances par année alors que nous n'en avons que deux ? Avec un sourire au coin des lèvres, certains ne se gênent pas pour se péter les bretelles en affirmant qu'une telle situation n'arriverait certainement pas ici, comme si une crise ne peut pas traverser un océan...

Entendons-nous, je ne veux pas vous faire la morale alors que je vous suis de bien loin. Au contraire, je me sens vraiment triste de la descente aux enfers de ce projet fédérateur et humaniste qu'est cette Europe unifiée après des périodes de grandes guerres. Aussi, je vous rassure, je ne suis pas non plus une fille qui peut bien parler parce qu'elle roule sur l'or. Au contraire, j'ai vécu, il n'y a pas si longtemps, des périodes de chômage ou des baisses de salaires, ainsi que les sacrifices matériels et même alimentaires qui en découlent.

Tout ce que j'essaie de dire, c'est que le « nous » inclusif est dangereux, porteur d'un vent mauvais. Viser l'autre comme responsable de tous les maux - surtout quand il est différent - c'est le remède facile pour se voiler la face. Surtout quand on pense que ces étrangers (pour la plupart Français), soi-disant voleurs de jobs, vivent certainement une situation tout aussi précaire. Ils ne doivent quand même pas être bien nombreux à occuper des bureaux feutrés, n'est-ce pas ? En revanche, combien sont-ils à accumuler deux ou même trois emplois pour joindre les deux bouts ?

Certes, ces périodes de grande crise soulèvent des questions qu'il faut se poser sur la mondialisation, le filtrage des frontières, les règles d'immigration, les réglementations bancaires, etc. Mais plutôt que de crier au loup, ne devrions-nous pas saisir le moment pour considérer de nouvelles formes de démocratie ? Pensons-y bien. Y a-t-il encore un clivage si net entre la gauche et la droite (je ne parle pas ici des extrêmes) ? La notion de parti politique et l'influence de leurs chefs telles que nous les connaissons depuis des lustres est-elle toujours pertinente à notre époque d'alliances stratégiques et partisanes ou de gestion d'image sur les réseaux sociaux ? Devrait-on penser à créer des plateformes politiques dites de proximité pour permettre au citoyen responsable de jouer un rôle politique plus mesurable ?

Bref, sur ce, je voulais vous dire que je pense bien à vous et je vous souhaite de tout coeur bon courage. Encore une fois, ne vous laissez pas berner par des opportunistes qui surfent sur des climats sociaux  instables pour s'auto-proclamer sauveurs de la nation. Mais que signifie vraiment « nation » ? Question philosophique d'une citoyenne du monde utopiste certes, mais libre d'attaches.

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