08 février 2012

Montréal, grande ville de mode

« La haute couture, ce sont des secrets chuchotés de génération en génération... »
Yves Saint Laurent

Avec du volant ou du velours. En soie ou en tweed. Les aiguilles voltigent et les mains agiles s'affairent pour que cette robe ne ressemble à aucune autre. Ces tissus et matières empruntés à la tradition, les couturiers et artisans de la mode au Québec savent les réinventer. Et il est vraiment important de prêter attention au travail de nos surdoués du ciseau et esthètes de la coupe qui donnent leur nom à des griffes qui incarnent la mode d'ici. Une mode riche d'inventivité et d'unicité.

C'est ce que propose la Semaine de mode de Montréal qui a lieu du 6 au 9 février au Marché Bonsecours (22e édition) durant laquelle nous sommes invités (aux côtés des représentants de la presse et d'acheteurs nationaux et internationaux) à poser notre regard sur les créations automne-hiver 2012-2013 de nos couturiers contemporains dont Tavan & Mitto (le grand retour), Mélissa Nepton, Ève Gravel, Marie Saint Pierre, ou encore Christian Chenail (qui a eu l'idée de génie de faire défiler ses mannequins dans l'enceinte de la Grande bibliothèque), Betina Lou et sa collection subtile et classique, Annie 50 à l'ambiance rococo, Dinh Bà, Duy, UNTTLD, etc. Ah oui, à voir aussi la griffe Cin-Tailleurs qui redonne ses lettres de noblesse à la création sur mesure selon l'art méticuleux du tailleur. Ce ne sont là que des exemples, il y en a plein d'autres.

Nés de l'imaginaire de leurs créateurs, certaines pièces ainsi sont de véritables hommages à des métiers devenus rares comme les dentellières ou à des artistes visuels qui sont invités parfois à apposer leur signature. À une époque où l'on veut se sentir différents mais où l'on se ressemble tant, l'accès à une mode accessible, contemporaine et locale est une aubaine. Si certain(es) sont des inconditionnels de la mode québécoise depuis belle lurette, j'entends ainsi de plus en plus autour de moi une envie de se tourner vers la nouvelle garde de nos designers.

Mais attention, tout comme la création artistique dont elle est si proche, la vitalité de notre mode est fragile. Si elle n'est pas plus soutenue et reconnue comme un domaine d'activités et d'affaires solide et d'avenir, elle pourrait s'effondrer aussi vite qu'elle aura brillé.

Vous vous souviendrez peut-être de mon billet sur ce blogue (cf. Les grandes griffes d'un petit musée en juin 2011) dans lequel je déplorais le fait que les créations de nos grands designers d'autrefois, propriétés du Musée du costume et du textile du Québec (MCTQ), sont pour la plupart entreposées sous housses dans un entrepôt de la rue Saint-Antoine à Montréal, tandis que quelques autres sont exposées dans une petite maison ancestrale de Saint-Lambert. S'y trouvent ainsi de magnifiques pièces, dont celles créées par exemple par Marie-Paule Nolin, Michel Robichaud, Marielle Fleury ou encore Clairette Trudel.

Sa directrice générale, Suzanne Chabot m'avait dit, il y a quelques mois, qu'un projet de re-localisation du Musée avait éventuellement de grandes chances d'aboutir. À ce jour, toujours rien à l'horizon... C'est bien dommage car, avec la revitalisation du centre-ville et de son quartier du spectacles, je suis absolument certaine qu'une belle vitrine sur notre patrimoine de mode susciterait la fierté des Québécois et l'enthousiasme de ces nombreux touristes que l'on souhaite attirer mais pas seulement avec du sirop d'érable...

Pour tout savoir sur la Semaine de mode de Montréal, rendez-vous sur montrealfashionweek.ca.

Pour un portrait des créateurs et happenings mode à Montréal, visitez districtmontreal.com /districtmode. Ne manquez pas de regarder le défilé Les Intemporelles qui a eu lieu cet été lors du Festival Mode & Design et présenté par Jeanne Beker et Suzanne Chabot. Vous verrez à quel point les créations des grands couturiers québécois d'antan sont sublimes et actuelles et méritent donc d'être admirées par le plus grand nombre.

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