Chaque
attentat qui survient dans le monde est un traumatisme pour tous, surtout quand
ils touchent des enfants ou adolescents. Je me souviendrai toujours de la prise
d’otages dans une école de Beslan (Tchétchénie) en 2004 qui avait résulté avec la mort de près de 200 enfants.
Ceux de Norvège survenus l’année dernière ont été d'autant plus troublants que
nous ne pouvions les associer à des enjeux géopolitiques internationaux. Puis,
il y a eu la tuerie d’Aurora au Colorado et, vendredi dernier, cette terrible
tragédie à Newton qui aurait pu survenir dans une école primaire de notre
quartier. On essaie de comprendre pour mieux apprendre et ne plus se laisser se
surprendre. Et puis, un autre jour, ça recommence. Ce sont là, dit-on, les
actes d'un ou de fous, comme nous pourrions en rencontrer ici à Montréal.
Une triste
coïncidence a fait que, la semaine dernière, j’ai eu l’occasion de regarder le
film Polytechnique. Je l’ai reçu en
pleine face comme une reconstitution glaciale de la scène du crime. Même si je
n’ai pas vécu ces événements de près, je n’ai eu aucun mal à m’y identifier
comme une mère, une sœur ou une amie qui aurait perdu d’un seul coup un être
cher.
La vie d’un
jeune Américain vaut tout autant que celle d’un petit Chinois, Syrien ou
afghan. La voler est une aberration. Aucune considération de religion, de sexe,
de culture, de communauté ou d'idéologie ne peut justifier de tels actes.
Dans nos pays
dits « développés », on arrive vite à des conclusions de santé mentale
déficiente ou de troubles sévères de comportement ou de personnalité. Fort
heureusement, toutes les personnes souffrant de tels maux n’arrivent pas à
cette solution ultime et irréparable qu’est celle de porter atteinte à la vie
des autres en même temps que la leur.
Quoi qu’il en
soit, ces suicides au vu et au su du plus grand nombre de personnes possible
sont la preuve que nous faisons face de plus en plus à des enjeux sérieux de sécurité
publique qui trouvent leur origine dans des fléaux comme l’intimidation,
l’isolement, le jugement ou encore la violence verbale ou physique. Ainsi,
avant de faire la une des journaux en expulsant leur violence intestine, ces
adolescents ou adultes ont bien dû lancer de temps en temps des signaux
d’alarme, ne serait-ce que par une attitude bizarre ou des propos malsains.
J’ai moi-même
une triste anecdote qui a peut-être forgé ma tendance à l’empathie. J’avais 18
ans ; une de mes camarades de classe, très introvertie et solitaire,
n’était pas venue en classe depuis deux jours. Comme nous étions proches, je me
suis décidée à appeler chez elle. À ma question « est-ce que je peux parler à
Murielle ? », je m’attendais à une simple réponse comme « ne quitte pas,
je vais l’appeler » ; mais non, j’ai eu plutôt droit à « Murielle est morte
». Comme ça, bang. Elle avait décidé de tirer un trait sur sa vie plutôt que de
l’endurer aux yeux souvent malveillants des gens qui la croisaient. Qu’est-ce
que j’aurais pu faire pour la protéger ou l’aider ? Je ne le sais toujours
pas.
Ces suicides au
vu et au su de tous sont aussi la preuve que nous évoluons dans un modus
operandi de plus en plus violent au sein de nos sociétés. Bien sûr qu’un
contrôle rigoureux de la possession d’armes à feux (comment se fait-il que dans
une seule maison – celle des Lanza – il y en avait autant ?) est absolument
nécessaire aux États-Unis et ici. Mais plus qu’un registre, c’est toute une
mentalité qu’il faut changer (particulièrement chez nos voisins du sud) :
celle du sentiment de puissance et de sécurité parce qu’on a la main sur la
gâchette. Au pays des cow-boys, l’arme à feu semble malheureusement devenue la
meilleure amie de l’homme… et de la femme.
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