21 novembre 2011

Mon premier souvenir d'hiver. C'était en 1982...

La porte s'était ouverte sur le visage de ma mère qui, comme chaque matin, venait nous réveiller afin de nous préparer pour l'école. Au même moment, nous avons ressenti un courant d'air froid, plus intense qu'à l'accoutumée, envahir notre espace.

« Venez déjeuner mais, avant de sortir, mettez vos bottes et couvrez-vous bien. Il y a eu une grosse tempête de neige cette nuit. » dit-elle. Encore endormis mais tout excités, nous nous sommes précipités aux fenêtres pour découvrir un beau manteau blanc. Un miracle. Sur cette ville du nord de la France, plutôt habituée au crachin qu'aux flocons, l'hiver avait soudain décidé de jeter son dévolu. Ce n'était peut-être pas la meilleure idée étant donné le mode de vie pour le moins insolite de ma famille.

C'est ma petite soeur la téméraire qui a foncé la première dans la poudreuse. Tellement rapidement qu'elle s'est vite retrouvée le derrière en l'air. Des éclats de rire ont fusé dans la nuit encore noire.

Un rire qui s'est vite éteint toutefois, tant les quelques mètres qui nous séparaient de la porte de la cuisine nous ont rapidement transformés en bonhommes de glace. Car si la neige s'était surpassée, le temps inhabituellement froid rivalisait d'intensité. Les paupières cristallisées et les jambes lourdes (avez-vous déjà essayé de marcher avec des bottes de pluie dans de la neige qui vous arrive aux genoux ?), nous progressions péniblement.

Ma soeur, pas si téméraire que ça finalement, a soudain décrété qu'elle n'avancerait plus car elle perdait ses bottes à chaque pas. Mon héroïque frère, pas plus grand qu'elle, lui a gentiment proposé de la transporter sur son dos. Mal lui en prit car, arrivé à la porte de la cuisine, le pauvre a glissé sur une marche et ils se sont retrouvés tous les deux en position couchée. Je me souviens encore de l'image de ma pauvre soeur ensevelie dans la neige sous le poids de mon frère.

À cet instant, l'émerveillement et la bonne humeur avaient complètement disparu. Frigorifiés et pleurnichards, nous avons pris notre petit déjeuner dans un silence glacial.

C'était en 1982. Nous avions exceptionnellement suivi mon père pour un des chantiers routiers sur lesquels il forgera sa carrière et son caractère. Comme ce fut souvent le cas lorsque je les accompagnais alors que j'étais encore fille unique, nous habitions dans des appartements sur roues, plus communément appelées caravanes d'habitation. Cette année-là, comme la famille s'était agrandie depuis, une deuxième caravane plus petite servait de chambre pour les enfants. Un petit détour par l'extérieur s'avérait donc nécessaire pour nous rendre à la cuisine et aux autres commodités de la « maison ».

Plus tard, dans la cour d'école, les batailles et autres jeux de glisse ont fait fureur. Mais personne, oh non personne, n'a jamais su que mon premier contact avec l'hiver avait débuté bien plus tôt en pyjama. Car personne ne savait que je vivais dans une caravane en plein hiver.

2 commentaires:

  1. tres beau et vraie que de beaux souvenirs
    on devrais pouvoir remonter le temps ;qu'il s'arrete au beaux souvenirs gros bisousssssssssssssssssssss
    une tata de dainville

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  2. Mais qui est donc la « tata » de Dainville et qui me fait le grand plaisir de lire mes humbles textes ????????

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