19 novembre 2011

Ai-je mal lu ?

Cette semaine, une nouvelle statistique est venue nous apprendre que 49 % des Québécois sont des analphabètes fonctionnels. De quessé ? Eh bien, cela signifie que 16 % d'entre eux ne savent pas lire et qu'un autre 33 % épuise ses méninges au bout de quelques lignes. Pire: de ces 49 %, plus de 40 % ont entre 16 et 46 ans. Ayoye !

Tout débat sur le niveau de  la langue française est souvent à prendre avec des pincettes au Québec. Mais je dois avouer que j'ai été abasourdie par ces pourcentages, terriblement inquiétants pour la pérennité de notre langue. Bien plus que l'invasion de l'anglais dont on nous parle ad nauseam.

Bien sûr, il y a les compressions budgétaires qui touchent les services de francisation pour les immigrants. On compte ainsi beaucoup sur le bénévolat, ce que j'ai eu le plaisir de faire auprès de réfugiés demandeurs d'asile. Bien sûr, il y a peut-être eu les réformes scolaires mais je n'en sais pas assez pour m'épandre sur le sujet. Bien sûr, il y a l'évolution de la langue qui n'est pas forcément néfaste si on ne perd pas de vue son essence.

Mais 49 %, c'est catastrophique ! J'imagine que cette situation ne date pas d'hier. Pour atteindre un tel fond, il a dû y avoir un abandon quelque part. Un abandon collectif et individuel. Que faire ? Des solutions, il y en a certainement mais en premier lieu, j'espère que nous serons nombreux à être alarmés. Peut-être pas tant que ça quand je constate à quel point on ne soigne pas notre langue, on la maltraite, on la snobe. Le bien parler est trop souvent perçu comme une arrogance. Le bel écrit prend trop de temps. Dès que l'on ose aborder une pauvreté de vocabulaire ou des lacunes en termes de grammaire ou de syntaxe, il y a une susceptibilité identitaire qui surgit...

Je me souviens de ma fille, que j'avais reprise à plusieurs occasions pour des « quand qu'on apprend... » ou encore « le monde, y sont pas gentils » qui m'avait rétorqué bien fièrement « mais je suis Québécoise, maman ». Et moi de lui répondre que l'un n'empêchait pas l'autre. Un accent, des expressions, des mots ou appellations colorent l'usage du français partout dans la francophonie et c'est la beauté de la chose. Tout le reste n'a pas lieu d'être.

Si des générations d'analphabètes sont malheureusement peut-être perdues, il est temps de se réveiller pour celles en devenir ou à venir. C'est un devoir de société. Un devoir de nos gouvernements et un devoir individuel où la moindre attention portée au langage parlé et écrit pourra faire une différence. Il faut refuser ce laisser-aller qui prévaut dans toutes les sphères de nos communications.

49 %, pensons-y bien...


1 commentaire:

  1. Je suis moi aussi tombée en bas de ma chaise. On a toujours su que le nombre d'analphabètes au Québec était plus élevé que ce à quoi on s'attendait, mais là ça dépasse tout entendement. Ce que j'aimerais beaucoup connaître, ce sont les chiffres pour les autres pays francophones.

    Louise Sébastien

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