09 octobre 2013

En attendant de voir Amsterdam...

Alors que le film Amsterdam, mettant en vedette Louis Champagne, Robin Aubert et Gabriel Sabourin, prend l'affiche sur nos écrans ce vendredi 11 octobre, l'histoire de ses trois vedettes m'a replongée dans le passé avec un brin de nostalgie, je l'avoue.

Si les trois comparses prétextent une partie de pêche pour prendre la direction de la capitale néerlandaise à l'insu de leurs conjointes, j'ai fait le même voyage dans la jeune vingtaine. Un trip à trois alors que j'étais accompagnée de deux bons copains. Mais à l'inverse du mensonge qui donne le ton au film, j'ai entamé notre voyage en tout état de cause, sans mensonges ni galères. Et sans même devoir prendre l'avion, les Pays-Bas n'étant pas très loin de la France. Le jour du départ, je revois encore très bien la Renault 5 de mon copain Rodolphe, bordélique à souhait (en plus du pot de yaourt qui avait eu l'idée de se déverser sur le siège arrière) qui allait nous emmener sur les routes de notre grande aventure. Quel fabuleux sentiment de liberté j'ai ressenti à l'époque. Même si, lors de notre passage aux douanes néerlandaises à la lumière d'une torche électrique en plein nos visages pas très frais, je nous imaginais grelottants dans une cellule aux murs froids. Mais bon, déjà à cette époque, les gentils douaniers devaient en croiser bien souvent de ces bandes de jeunes qui leur affirmaient droit dans les yeux se rendre à Amsterdam pour la beauté de son architecture. Imaginez aujourd'hui...

Ce fort sentiment de liberté, je l'ai surtout ressenti quand, sur le pont d'un traversier en route vers l'île Texel, mes amis et moi avons décidé sur un coup de tête de poursuivre notre route jusqu'à Londres, plutôt que de rentrer, même s'il nous restait de l'argent uniquement pour traverser la Manche. Presque aussitôt dit aussitôt fait. Après après débarqué en Angleterre, une petite nuit au frais - sans se faire surprendre - dans un parc de Canterbury (un hôtel, pourquoi faire ?), nous voilà en route vers Londres. Les seules choses que nous avons ingurgités sur le chemin du retour furent des barres Mars. Quel super voyage, quel super souvenir !

Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? Hum, je me le demande bien. Peut-être que l'appel du large se fait sentir. Il faut dire que cela fait maintenant près de dix-huit que j'ai fait le grand saut au Canada pour suivre mon amoureux de l'époque, et dix ans que je n'ai pas remis les pieds en Europe ni revu ma famille. Et mon dernier voyage mémorable remonte en 2009 quand je me suis rendue en République démocratique du Congo avec mes collègues de l'agence Kelly et Cie. 

Il est possible aussi que cette nostalgie voyageuse cache quelque chose de plus profond et fait écho à mon ras-le-bol d'un certain Québec inc. qui n'en finit plus de nous enfermer dans un vase clos où seule la nouvelle anecdotique ou accessoire nous bassine les oreilles. On dirait que tout ce qui fait les manchettes actuellement sur notre petit bout de planète est digne du Journal de Montréal uniquement: une candidate à la mairie de Laval qui est menacée par les «gars» après avoir révélé à la presse une conversation avec un ex-maire gangster, un syndicaliste qui, après avoir éveillé des soupçons sur des gros pontes de la FTQ-Construction à la Commission Charbonneau, fait comme par hasard une chute accidentelle et subit un traumatisme crânien, un policier hautement respecté est grandement suspecté d'être un « ami » de la mafia italienne (une bombe dans le milieu tricoté serré de la police qui a éclaté à la suite du suicide récent d'un Hells), etc. Est-ce que je continue ou vous avez, comme moi, la nausée ?

Ah oui, il y aussi l'épisode de la Charte des valeurs québécoises qui a fait couler beaucoup d'encre et qui a poindre un certain « nous » contre « eux ». Surtout ne lisez pas régulièrement les commentaires sur les réseaux sociaux. Je l'ai fait trop souvent (en plus d'être la cible de certains commentaires disgracieux) et j'ai encore du mal à me remettre de la petitesse d'esprit de plusieurs de mes concitoyens. Comme si argumenter sur une base respectueuse était impossible dans le cadre d'un débat aussi anxiogène. Entre parenthèses, quelle est l'idée de prendre toujours pour exemples des pays dont l'histoire et la situation géopolitique n'ont absolument rien à voir avec celles du Québec ? La situation au Qatar ou en Arabie Saoudite n'a rien de comparable à ce qui se passe ici. La France, tout comme de nombreux pays européens font face à de fortes vagues d'immigration tout autres, certaines d'entre elles dues à la terrible condition que vivent des hommes, femmes et enfants dans certains pays, notamment en Afrique (pour faire un mauvais jeu de mots, j'attirerais votre attention sur le drame récent de Lampedusa en Italie). La problématique d'intégration que l'on constate en France est la conséquence de ratés dans les différentes politiques d'immigration et ce, depuis de nombreuses années. Manque d'intégration = pauvreté et exclusion = discrimination = ghettoïsation. L'immigration au Québec et au Canada est sélective (principalement économique). N'immigre pas qui veut. Et quand des demandes d'asile politique sont refusées même après plusieurs années de vie au Québec ou au Canada, il n'est pas rare de voir des familles entières être déportées vers leur pays d'origine. 

Je n'invente rien, ce marasme ambiant inquiète beaucoup et crée une sorte d'immobilisme dans les projets ou les envies de créer. L'avez-vous vous-mêmes remarqué en discutant avec des personnes autour de vous. Comme si on s'embourbait dans une grosse bouse de vache pour être polie. Ou comme si on se renfermait dans une coquille hermétique pour mieux s'isoler. Avec le risque de se regarder le nombril trop longtemps avec la peur au ventre de l'autre ou de ce qui est différent. Alors que faire ? Je n'en sais fichtrement rien, c'est peut-être la raison pour laquelle je me replonge dans mes souvenirs d'Amsterdam. Mais ce dont je suis certaine, c'est que j'ai mal à mon Québec, pour reprendre le cri du coeur de Fabien Cloutier lors de l'émission Plus on est de fous, plus on lit sur Ici Radio-Canada Première. Je suis tannée de ces discours fatalistes et démagogiques, de ces hommes et femmes corrompus qui sont autant de pommes pourries parmi nous. J'ai soif de nouvelles idées et d'idéaux pour un tissu social et démocratique qui accepte les différences et valorise le bien-être collectif. 

Ah, mais en attendant, tout n'est pas perdu. On peut toujours compter sur nos trésors culturels au petit écran pour nous faire oublier que l'on est bien petits parfois. Eric Salvail lance bientôt sa nouvelle émission sur les ondes de V, Véro devient une véritable marque de commerce en publiant un magazine et en diffusant un docu-réalité, et Tout le monde en parle est redevenue notre messe dominicale. Sans oublier le nouveau livre de l'hyper-exposé (mais fort heureusement intelligent) Gabriel Nadeau-Dubois qui de porte-parole est devenu un porte-voix à la parole d'argent.

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