01 novembre 2012

À force de niveler par le bas, on va toucher le fond

L'autre soir, mon amie Nancy prenait un verre avec une de ses amies. Le terme « amie » est un peu fort, car elles ne se connaissent pas vraiment. Mais vous savez ce que c'est, après deux ou trois consommations, on a tendance à se confier un peu plus ou à échanger des anecdotes de vie. Bien entendu vient un moment où LE sujet prend le dessus : l'amouuuuuur.

« As-tu un chum ? » demande Nancy pour ouvrir le bal. « Oui, oui, et depuis pas mal de temps. » lance l'autre d'un air triomphal (je vais l'appeler « l'autre » car je ne me souviens plus de son nom]. « Pas toi ? » ajoute-t-elle avec un léger trémolo d'empathie dans la voix. Et Nancy de souffler « eh non, c'est vraiment pas facile. Je commence même à désespérer. » Après une petite gorgée, question de faire passer cette dernière parole, l'autre déclare solennellement « c'est sûr, tu dois faire peur aux mecs. Tu sais, les filles indépendantes financièrement les fait fuir. Rien qu'à la façon dont tu es habillée, je suis sûre qu'ils se disent que tu réussis bien dans la vie. ». Nous y voilà. Et c'est pas un homme qui le dit, c'est une des nôtres ! Disons qu'on n'est vraiment pas sorties de l'auberge.

Faut-il donc être à l'image de ces jeunes femmes qui participent à l'émission ultra populaire (sic!), Occupation double, avec une attention focalisée sur leur physique sans pli, un sentiment d'exister uniquement dans les yeux des hommes (particulièrement ceux qui leur ressemblent) et une élocution à faire dresser les poils de la tête ?

Est-ce à dire que celles qui ont une carrière florissante, une tête sur les épaules et une bonne dose de culture générale sont vouées au célibat éternel ? Est-ce que cela signifie que si l'on est heureuse en affaires, on est voué à l'échec en amour pour toujours ? Eh bien non, les filles. Ne plions pas sous cette pression en adoptant des comportements uniquement pour être mieux acceptées ou rentrer dans le moule. De toute façon, dans une société où l'on considère « riches » ceux et celles qui ont un revenu annuel de 130 000 $, vous serez pendant longtemps encore ostracisées (je dis « vous » car mon revenu me classe dans le bas de la classe moyenne;  cependant, je travaille fort pour devenir riche et je n'ai pas honte de le dire).

Alors, mesdames, de grâce, continuez à chausser vos talons hauts, ou plats si vous préférez, relevez la tête, parlez politique ou économie dans vos dîners mondains, et soyez fière de ce que vous accomplissez. Et si un homme vous regarde de travers en raison de votre éloquence ou de votre portefeuille, eh bien passez votre chemin car cela signifie qu'il n'est pas à la hauteur pour vous mériter.

Écrit en toute amitié par une esseulée peu fortunée...

1 commentaire:

  1. Pendant longtemps, j'ai moi-même été un esseulé peu fortuné; entendez ici que je suis toujours peu fortuné !!! ;) Cela m'a pris "seulement" 7 années pour enfin trouver une femme qui n'a que peu d'égard pour ma fortune. Et à deux, on passe bien mieux au travers les vicissitudes de la réalité économique.

    Cependant, force est de constater que bien des femmes, aujourd'hui, vivent sur deux portefeuilles: le leur, mais surtout celui de leur compagnon de vie. Combien de femmes, en effet, tout à fait autonomes fiancièrement, continuent de se faire payer la traite par l'élu de leur bours... euh, de leur coeur, à profiter des ladies night et autres promos douteuses, à se refaire une beauté aux frais du pourvoyeur familial ? J'exagère, certes, car la plupart sont désireuses de payer elles-mêmes leurs besoins et désirs.

    Pour un homme, et étant donné le préjugé que je viens de décrire, il est effectivement difficile de se faire remarquer par une femme "richement" vêtue, surtout quand il ne fait pas le moine en habit !!! De plus, il suffit de s'attabler, seul, dans un café et d'écouter les femmes discourir entre elles pour se désespérer d'en rencontrer une qui ne soit pas matérialiste. Ceci dit, je ne prétends pas que les hommes ne le sont pas moins...

    M. Maillette

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