07 juin 2012

Quand la peur mène le monde

Dites-moi, êtes-vous aussi estomaqué que moi de voir le grand manitou d'un événement d'envergure supplier des étudiants de ne pas perturber ses activités?

Gros titre d'un journal : «Rozon et les étudiants s'entendent. Juste pour rire organisera un spectacle-bénéfice.» On croit rêver en espérant qu'on nous dise «c'est juste pour rire!»... Et puis quoi encore, une petite tape dans le dos avec ça! Il faut vraiment vivre dans un endroit pépère pour céder aussi facilement à la peur dans le cadre de ce psychodrame qui retient l'attention depuis trois mois. Oui, il y a des manifestations nocturnes tous les soirs; oui, il y a des casseroles qui se font entendre; oui, il y a des tout-nus qui défilent dans nos rues; oui, il y a eu des blessés, hélas, de part et d'autre; oui, il y a de la brutalité policière bien trop souvent. Mais, entre vous et moi, les dommages collatéraux de ce bras de fer et de verbiage entre les associations étudiantes et le gouvernement sont, somme toute, assez minimes sur un aussi long laps de temps. Pas sûr que cela se soit passé ainsi dans d'autres villes, notamment en France.

Alors, pourquoi tomber dans cette paranoïa? Est-ce que le centre-ville de Montréal a cessé de fonctionner pendant les manifestations, même les plus importantes, des derniers mois? Non. Est-ce que de grandes capitales déjà visées, elles, par de vrais attentats terroristes arrêtent de fonctionner ou de festoyer? Non. Prenons pour exemple la ville de Londres qui vient de célébrer en grandes pompes le jubilé de diamant de la reine Élisabeth II et qui s'apprête à vivre ses Jeux olympiques. Ah mais j'y pense, peut-elle serait-elle plus prudente si elle avait un anarchopanda qui déambulait dans ses rues...

Bon, je l'avoue, je suis un peu cynique, mais la situation n'est vraiment plus drôle. C'est même pathétique tant on assiste à du n'importe quoi entre, au choix, un gouvernement devenu irresponsable, un maire trop paternaliste, des promoteurs frileux et des excès en tous genres dans certaines affirmations. Je ne veux pas avoir à subir cette impression de vivre dans une ville prise en otage.

«Le Grand Prix, un événement grossier et indécent», ai-je lu de la bouche d'un membre de l'Association facultaire des étudiants en arts de l'UQAM. Je suis bien d'accord avec lui, mais pas seulement parce que «cet événement est le symbole de la décadence du néolibéralisme» comme il le dit, mais avant tout parce qu'il est, selon moi, un acte de vandalisme de l'environnement sur la seule base d'une compétition sportive. Et l'indignation à ce sujet aurait dû avoir lieu depuis belle lurette. 

Bref, c'est ma petite montée de lait. Croyez-le bien, je suis pour la liberté d'expression et la libre opinion de chacun et de chacune, mais quand tout est déballé en même temps sur la place publique sans discernement comme en ce moment, il vient un temps où la goutte fait déborder le vase. Le mien a débordé cette semaine.

2 commentaires:

  1. Pour ma part, je crois que tous les sports font partie de la décadence et pas que néolibérale. Pour le reste, je me contente de regarder d'un oeil curieux cette petite société qui ne cesse de chercher le sein de sa maman déjà bien généreuse...

    Je vous place dans mes favoris et je reviendrai. :o)

    Bernard R.

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    1. Je suis tout à fait d'accord, notamment avec notre sport national qu'est le hockey dont les équipes se paient des joueurs-vedettes à gros prix.

      Je vous remercie pour vos bons mots et j'espère que vous aurez du plaisir à me lire. Je vous invite à laisser vos commentaires. C'est ce qui nourrit une discussion ou même un débat !

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