15 avril 2012

J'ai 13 ans, maman

Le 22 avril, jour de la terre, elle fera officiellement son entrée dans le monde de l'adolescence, ce casse-tête qui va nous casser les pieds pendant les prochaines années. En plus de ses boutons qui se font la guerre sur son visage à la peau autrefois si laiteuse, ma fille doit composer désormais avec ces moments où le monde semble se liguer contre elle. Envie de rien et susceptibilité extrême ont désormais fait leur apparition dans notre quotidien habitué à une certaine quiétude.

Comme ces souvenirs de classe qui me sont revenus quand elle rentrée au primaire, je me rappelle maintenant à quel point mon adolescence fut douloureuse tant je n'arrivais pas à y trouver ma place. Mais peut-être y aura-t-il une chose qui va faire la différence : la communication qu'il y a toujours eu entre elle et moi, celle que je n'ai jamais eue avec mes propres parents.

Ma fille est une enfant de la garde partagée depuis sa tendre enfance et moi, je suis une mère qui n'a jamais réussi à se faire à l'idée de ne pas voir sa fille tous les jours. Et c'est véritablement à ce moment-ci de sa vie que je trouve ce deuil plus difficile. Ces moments de sa vie que j'ai perdus, j'aimerais ne plus les perdre pour pouvoir toujours être là et l'accompagner dans ses périodes de grande tristesse.  Est-ce l'instinct féminin ou maternel ? Toujours est-il que j'aime attendre que la tempête passe, j'aime la voir revenir vers moi et se blottir dans mes bras, j'aime l'entendre entamer maladroitement ce dialogue qui va pouvoir dénouer les noeuds dans la gorge et dans le ventre. Je sens alors en moi ce profond besoin de lui offrir compréhension et protection qui ont toujours été à la base de notre grande histoire d'amour. En moi s'affermit encore plus mon désir de jouer mon rôle fondamental de mère.

Ah, mais attention, sous ces états d'âme « pacifiques » se cachent aussi des scènes d'exaspération et d'impatience (de nous deux, c'est pas toujours joli...) ou encore cette désagréable impression qu'un bon temps est révolu, celui où tout était plus simple. À ses questions d'enfant (pas forcément toujours simples) comme « pourquoi les arbres perdent leurs feuilles ? » surgissent à présent de nulle part des échanges tel que :
« Que penses-tu des préjugés, maman ? ». Et moi de lui répondre très sérieusement :
« Je déteste les préjugés. Ceux qui jugent facilement les autres n'ont aucune ouverture sur le monde. »
« Donc, tu as des préjugés sur les gens qui en ont ? ».
Clac, dans les dents.

Bref, il n'y en aura pas de facile, mais ça vaut le coup d'essayer...

2 commentaires:

  1. Catherine Fréchette16 avril 2012 à 03:23

    À mon humble avis... Ce texte doit être le plus beau que j'ai lu sur ce blogue... Tellement beau...

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  2. tu as vraiment bien analyser ce passage difficile à vivre pour tous les enfants, ce passage entre petite fille et très grande fille qui se fait dans la joie et dans la douleur, dans le conformisme et dans le rejet de tout conformisme
    notre Zoé est vraiment une grande fille "parfaite" elle vit normalement cette entrée dans le monde des grands
    gros bisous à vous deux

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